Du design… au bricolage : le cas du « Do it Yourself » (DIY)

Publié le par Sandrine ANSART

Si quelques designers ont proposé des objets voire des mouvements visant à réutiliser et détourner d’anciens objets, il semblerait que depuis quelques années cette tendance s’élargisse et surtout se démocratise. En effet, il devient de plus en plus courant dans les enseignes de magasins d’ameublement et de décoration de trouver des articles conçus sur ce principe de réusage…  Citons entre autre les paniers et cache-pots en pneus recyclés, les vases constitués de tranches de magazines, des meubles composés en grande partie de vieilles palettes, d’objets de décorations réalisés à partir de vieilles cannettes de boisson en aluminium,…

Couplée au renouveau des loisirs créatifs, cette tendance au réusage dans le design invite non seulement les consommateurs à revêtir des habits de producteur, mais aussi à concevoir que leur création n’est pas le signe d’un manque de moyens financiers mais peut témoigner d’une réelle originalité et éventuellement d’une certaine approche et conception des objets –voire de la vie !-. Posséder des objets bricolés n’est plus une honte, bien au contraire.

Cette évolution du consommateur qui s’improvise producteur  s’intensifie. On pourrait évoquer notamment les béta testeurs pour les logiciels, mais c’est avant tout de production matérielle dont nous souhaitons faire état. Dans ce cadre, l’exemple du mouvement du « Do it Yourself », qu’on traduit généralement par « Faites-le vous-même » semble tout à fait intéressant. Ce mouvement repose généralement sur un rejet de l’ultra-consumérisme, mais surtout –et c’est cela qui nous intéresse- prône la fabrication plutôt que l’achat, l’invention plutôt que l’imitation, et le plaisir de créer et de posséder un objet singulier. Bien qu’existant depuis quelques décennies, ce mouvement s’est accéléré à la fin des années 1990, porté en particulier par un accès plus aisé à l’information (via internet notamment) mais aussi aux outillages. De nombreux sites web, blogs, émissions et chaînes de télévisions proposent des informations, des conseils permettant de faire soi-même.

Trois exemples peuvent être cités:  construisons une lampe recyclée à partir de vieux bidons de lessive, d’une douille, et d’une lampe, réalisons un sound system pour iPod  à partir de deux boîtes d’Altoid, de deux cartes à jouer et d’une paire d’écouteurs, fabriquons des objets en résine à partir de vieux disques vinyles enduits d’huile d’arachide et passés au four 30 secondes à 350 degrés…  L’un des ouvrages de référence dans le domaine est S. Berger & G. Hawthorne (2005) « Readymade : How to make (Almost) Everything », Clarkson Potter.

Ce mouvement souligne tout à la fois la tendance :

·         des consommateurs à produire,

·         à voire dans les rebus un champ de possibles,

·         le lien que ces consommateurs-producteurs (faut-il encore les appeler des consommateurs ?) entretiennent avec l’objet créé depuis sa création à son usage (et éventuellement son réusage),

·         et le plaisir voire la fierté d’être auteur.

 

En cela, ce mouvement « DIY » recoupe des caractéristiques fortes du bricoleur telles que nous avons déjà pu les présenter.

Publié dans Consommation

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