Quand le Nord apprend du Sud….
Ce mardi 23 novembre, l’émission « Télé Matin » de la 2e chaine du groupe France Télévision nous propose un bel exemple de deux des thèmes qui nous tiennent à cœur : « la mise en œuvre de stratégie bricolante » et un « Nord en mal de Sud ».
Cet exemple est la mise sur le marché des pays occidentaux d’un produit dont la conception et l’usage se sont développés dans les pays du Sud. De quoi s’agit-il ? D’un kit de recharge de téléphones portables …. Quoi d’original me direz-vous ? Il s’appuie sur des « principes techniques de base » et sur celui d’utilisation d’une énergie non utilisée voire oubliée… Ce kit de recharge s’installe sur une bicyclette pour récupérer via une dynamo l’énergie produite par la rotation des roues de la bicyclette en question. 30 minutes à 10 km/heure permettent d’assurer une charge de batterie à même de réaliser 30 minutes de conversation téléphonique. 1 heure à 12 km/heure assure une recharge complète de la batterie. Dans des pays où la bicyclette reste un mode de transport très usité, voilà une opportunité de recharger son téléphone mobile sans coût et en s’évinçant de contraintes d’accès à un réseau électrique encore peu répandu. Mais cet exemple ne s’arrête pas là puisque la célèbre firme finlandaise de téléphonie mobile a décidé de proposer un produit comparable sur les marchés des pays occidentaux. Le kit est disponible en France dès ce mois de novembre 2010 !!
Nous avons donc ici un autre exemple de stratégie bricolante (que nous opposons à la notion de bricolage tactique). En effet, lors du billet du 12 avril dernier, nous avions présenté le cas d’une « alliance Tomate-pétrole » où des producteurs de tomates des Landes utilisaient une eau à 50°C pour chauffer leurs serres, eau qui provenait d’un puits de pétrole voisin. Cette notion de stratégie bricolante renvoie à une combinaison
1. d’une conception inspirée des gestes naturels du bricoleur
2. avec une mise en œuvre et la constitution d’une organisation relevant du sens de l’idéal et de la planification de l’ingénieur.
Dans le cas de la serre comme dans celui de notre kit de recharge de batteries de téléphones portables, il s’agit d’employer des « rejets » d’autres productions qui n’étaient pas utilisés et donc non considérés comme une ressource potentielle. Dans le cas de la serre, il s’agit d’eau chaude issue d’un puits de pétrole pouvant être utilisée comme base d’un mode de chauffage, et dans celui du kit de recharge, il s’agit de la récupération d’une énergie produite par la rotation des roues de bicyclettes. Dans les deux cas, l’usage de la ressource inutilisée et potentiellement inexistante (puisque non considérée en tant que telle, voire non visible) s’appuie sur une mobilisation de principes et de techniques plutôt simples.
Cet exemple de kit de recharge de batteries de téléphones portables se révèle à la fois un bel exemple de stratégie bricolante, mais permet également de souligner la capacité des pays du Sud à recourir aux principes du bricolage basés sur le réusage, le détournement,… et ainsi se présenter comme une source d’inspiration forte pour initier des produits et des modes de production basés sur le bricolage et ainsi plus enclins à favoriser des comportements de modération et par là être en phase avec les problématiques du Développement Durable. Le Sud peut aussi nous interpeller en nous invitant à revenir sur certains de nos fondamentaux techniques, sur une reconsidération de principes de base, sur une reconsidération de la force de la simplicité dans la mise en oeuvre de solutions...