Histoires de peu n°3 – La chaine de peinture

Publié le par Raffi Duymedjian



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C’est l’histoire d’une PME iséroise fabriquant des caisses à outils en tôle, et qui grandit. Mais elle n’a pas les moyens financiers de sa croissance. La nouvelle chaine de peinture qui lui conviendrait est couteuse, très couteuse.


Mais qu’est-ce qu’une chaine de peinture sinon une immense boite en tôle dans laquelle circule des produits à peindre. Et la tôle, c’est le métier de cette entreprise. Or, elle a du temps (baisse d’activité), et des compétences variées, ainsi qu’un accès à un marché de l’occasion qui lui permet d’obtenir à moindre frais des moyens sinon parfaitement adaptés, du moins adaptables.


Le dirigeant connaît ses employés, il sait les compétences extraprofessionnelles de chacun – mécanique automobile, bricolage… D’après lui « ce qui permet de bricoler c’est le hors cv ». Un certain nombre de personnes ont été identifiées, ayant toute des responsabilités d’encadrement dans l’entreprise, et capable d’avoir une vision globale de l’organisation. Deux personnes ont répondu à l’appel et ont ponctuellement sollicitées des ressources en fonction des besoins du projet. Les ressources récalcitrantes ont été enrôlées « de force».


Dès lors, le dirigeant récupère un assortiment de machines et d’éléments d’occasion qui constitueront son stock initial. Une installation est conçue à partir de ce stock, puis montée progressivement en utilisant toutes les ressources accessibles, dont le stock de tôles de l’entreprise. Lorsqu’un obstacle bloquant est rencontré, le dirigeant se tourne résolument vers les constructeurs de chaîne de peinture. Il reconnaît d’ailleurs que « quand on n’y arrivait pas, on jouait les sangsues ». Ces derniers sont d’abord intrigués et se déplacent, puis comprenant qu’ils ne vendront rien dans l’immédiat, acceptent de le dépanner, allant même jusqu’à fournir des schémas explicatifs et des plans de montage. Bien sûr, les actions les plus pointues ne peuvent être faites que par des professionnels et il a bien fallu se résoudre à faire appel à des thermiciens de métier pour obtenir une température suffisamment uniforme dans l’enceinte du four. Aujourd’hui, l’installation est bouclée …. Elle n’aura coûté que 245 000 € au lieu des 750 000 € d’une installation clé en main.


Mais, au delà de la réalisation en elle-même, d'autres efforts ont dû être consentis. En effet, pour toutes les personnes qui n’ont pas été impliquées dans ce bricolage, cette chaine n’était pas encore un outil de production à part entière, trop attaché qu'il était pour son utilisation et sa maintenance à ses "créateurs". Lui manquent les "formes" qui en feront un instrument de travail « industriel », « objectif ». Le travail de l’équipe bricoleuse s'est alors tourné vers la rédaction de guides de procédure d’utilisation et d’un manuel de maintenance.


Car si le dirigeant accepte de faire avec les moyens du bord à la marge de son métier, il n’est pas pour autant question de ne pas être professionnel dans son domaine de compétence et il importe de faire de cette chaîne de peinture un moyen de production à haut niveau de qualité et de performance.

Publié dans Bricolage

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