L’économiste, les faits et les comportements n°2

Publié le par Virginie Monvoisin

A côté de l’économie du peu (et pour faire une parenthèse sur l’actualité macroéconomique), l’état de l’économie actuelle demande un petit moment de réflexion. Comment est-il possible que les agences de notation trouvent encore du crédit auprès de qui que se soit et précipitent la Grèce et l’Europe dans une crise quasi institutionnelle ?

Rappelons leur rôle : les agences de notation ne font qu’évaluer les risques des titres financiers. Ceci dit, elles ont complètement ignoré les risques des CDO, les fameux titres toxiques, notés AAA (les plus surs) la veille du premier krach boursier du 21 août 2007. Sociétés privées, sans légitimité économique ou institutionnelle, aucune autorité publique n’a entamé une réflexion sur ces nouveaux acteurs.

Evidemment, cela s’explique parfaitement par la volonté de préserver l’aspect concurrentiel et libéral des marchés de capitaux. Puisque c’est le seul chemin vers l’optimum !!! Pourtant, alors que tout le monde sait que les agences se sont lourdement trompées et qu’elles sont co-responsables de la crise financière majeure que l’on connaît depuis presque 3 ans, elles contribuent à l’aggravation de la crise grecque. Et alors que le bon sens commanderait de ne plus les écouter, les marchés se réfèrent plus que jamais à leurs jugements !

Voilà un bel exemple de recherche d’optimisation, fondée sur la rationalité et le marché, qui mène à l’inverse, à une pure folie !!! L’aveuglement des investisseurs est tout de même compréhensible. Justement, en l’absence absolue de référence institutionnelle en situation de concurrence intense, les agents économiques s’attachent à des conventions afin de réduire leur incertitude et le champ des options possibles. Les agences de notations représentent donc cette convention, qui, imparfaite, a le mérite d’exister et d’être l’unique référence en matière de risques.

Dans le cas de la Grèce, plus que jamais les agents économiques ne sont pas rationnels. S’ils l’étaient, d’une part ils ne prendraient pas en compte les avis des agences et d’autre part, prendraient la dette grecque pour ce qu’elle est, un non événement. Une dette de 95% du PIB et dans un pays membre de la zone euro composée de 16 pays n’a pas de raison d’affoler les marchés quand les japonais ont une dette de 180% ou que Dubaï, qui a vécu la même mésaventure, a été sauvé par un seul de ses voisins, Abou Dabi. En réalité, les agents ne font que réagir comme leur voisin. Cela tend à nous montrer que l’économie, y compris en situation concurrentielle, laisse peu de place pour l’autonomie et l’indépendance.

D'ailleurs, peut être que notre bricoleur est une vraie personne : autonomie et indépendante...

Publié dans généralités

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