La bimbo, sa boutique et la maximisation du profit

Publié le par Virginie Monvoisin


En tant que femme urbaine et adepte du shopping,  j'ai été frappée lors de mes allers-retours entre la France et L'Amérique du nord par la différence de l'accueil des clientes dans les boutiques de prêt-à-porter entre les deux continents.

En Amérique du nord, non seulement les vendeuses vous saluent mais elles vous demandent comment vous allez (questions très déstabilisantes pour une française!!) et vous prend en charge dès votre entrée, jusqu'au paiement de vos articles. Souvent, les vendeuses sont rémunérés à la commission. En France,  il peut arriver que l'on vous salue et que l'on vous conseille. Cependant, similitude avec les Etats-Unis, il s'agit souvent de magasins sous grandes enseignes (et pratiquant également le principe du versement de commissions).

En réalité, le malaise apparaît souvent dans une petite boutique, tenue ou dirigée par une commerçante indépendante, bien mise, correspondant à l'archétype de la "Bimbo" ou de l'ex-"bimbo". Toute femme française a vecu ces grands moments de solitude qui consiste à entrer dans ce genre d'établissement et à essuyer l'indifférence de la vendeuse, à se heurter à la conversation de cette dernière avec des amies ou son regard désapprobateur qui vous déshabille de bas en haut.

Cette attitude nous révolte bien souvent (j'ai entendu une fois que "quand on fait cette taille, on se fait opérer" alors que je faisais une taille tout à fait standard!!), et elle nous frappe également d'un point de vue commerciale et économique. Comment peut-on gérer une activité ainsi? Quelle pérénité financière elle peut espérer? Comment la bimbo pense-t-elle développer sa clientèle?

Notre "bimbo" est loin d'être irrationnelle; seule sa logique est différente de celle à laquelle nous sommes habitués. Evidemment, les grandes enseignes entendent optimiser leurs recettes, leur profit et accroitre le plus possible leur activité, ce qui suppose donc une attitude amicale et agréable vis-à-vis de la clientèle pour l'attirer et la fidéliser. Notre commerçante indépendante privilégie son réseau et une certaine clientèle composée parfois d'amies. Plus encore, il s'agit souvent pour elle d'être en contact au quotiden avec une passion (la mode, l'esthétique ou autre, quite à être proche de la caricature) et d'en vivre. 

Ce qui distingue la commerçante indépendante des grandes chaines est qu'elle a un projet de vie et il ne consiste pas obligatoirement à faire le plus de profit possible (sinon son accueil serait autre, et ces autres "bimbos" existent") mais plutôt d'avoir une activité dont elle tire une grande satisfaction, la satisfaction ne venant pas principalement de son aspect financier.

Ainsi, si en tant que femme je me suis souvent heurtée à la bimbo, en tant qu'économiste je ne peux que saluer son comportement de bricoleuse qui n'entend ne pas se plier à l'optimisation des profits!! Car comme le bricoleur, ici le rapport à l'économique et au financier n'est pas de rationalisation et de maximisation. L'objectif de l'activité économique est avant tout d'en être satisfait, la satisfaction étant un faisceau de critères subjectifs, à la fois quantitatifs et qualitatifs. 

La bimbo est souvent une bricoleuse qui s'ignore...

Publié dans généralités

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P
<br /> Très intéressant et bien provocateur comme sujet !<br /> Ca serait intéressant d'élaborer plus sur la place du client dans l'économie du peu.<br /> Dans le genre:<br /> - est-ce qu'on abandonne la valeur du "client-roi" ? pour lui donner quelle place ?<br /> - est-ce que le bricoleur cherche à satisfaire son client ? Une vision est qu'il cherche à le satisfaire mais juste avec ce qu'il a; une autre c'est que c'est hors de ses objectifs ou<br /> besoins...<br /> - à un point, comme dans l'exemple donné, ça devient même une question de respect des autres !? où la maximisation de son bien-être personnel peut interférer avec le bien-être d'autrui...<br /> <br /> <br />
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R
<br /> ça me rappelle plusieurs situations dans lesquelles je ne supportais pas qu'un commerçant puisse restreindre les libertés d'un client. Comme cette fois où, confortablement installé dans un<br /> restaurant boucherie, l'un de mes amis s'est vu refuser une viande "bien cuite" par le chef (également boucher) sous prétexte que ça n'était pas ainsi qu'on mangeait de la viande. Pourtant, à y<br /> réfléchir à deux fois et après avoir mis son orgueil de client dans sa poche, il en sait sûrement plus que ses clients sur la viande. De plus, quand j'étais moi-même vendeur, je me permettais de<br /> juger mes clients et de ne pas les servir si je pensais qu'ils me demandaient des choses stupides, ce qui n'était, bien entendu pas de l'avis du responsable de la boutique. Je n'y ai d'ailleurs pas<br /> fait long feu...<br /> <br /> <br />
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