N'en jetez plus !
Je viens de terminer un excellent article, déjà quelque peu ancien (1998), publié dans la revue Design Issues (vol.14, n°3) intitulé « The things that matter ». Je ne rentrerai pas dans les détails de l’article, mais les auteurs citent quelques éléments utiles pour l’EdP.
Tout d’abord, une étude du ministère hollandais des affaires environnementales indique qu’une large proportion d’objets d’utilisation quotidienne sont jetés encore en état de fonctionnement. Pire, certains produits ne sont jamais mis en vente et sont jetés parce qu’obsolètes avant même leur mise sur le marché.
Les raisons expliquant pourquoi nous jetons tant sont, d’après un groupe de designers fréquemment cités dans l’article - Eternally Yours –fondées sur les trois dimensions conditionnant la durabilité d’un produit : technique, économique et psychologique. Nous jetons quand le produits est cassé et irréparable ; quand il est économique dépassé, c’est-à-dire quand un nouveau modèle apparaît sur le marché ; quand il ne correspond plus à nos préférences et à notre style de vie. Les Eternally Yours proposent des solutions de design pour prolonger la durabilité des produits sur ces trois dimensions, solutions sur lesquelles nous reviendrons dans un prochain billet.
Surtout, les auteurs de « The things that matter » apportent une contribution majeure à la réflexion déjà bien avancée d’Eternally Yours en pointant du doigt une cause supplémentaire, profondément ancrée selon eux dans le design des produits depuis la naissance de la discipline : la dévalorisation de la dimension matérielle au profit du symbolique. Ainsi se sont succédées les multiples écoles de design soumettant l’objet à la fonction (« form follows function ») ou au plaisir du consommateur (« form follows fun »).
Leur proposition, en un mot : l’engagement. Leur hypothèse ? Plus les objets qui nous entourent nous engagent dans des gestes physiques, plus nous « jouons » avec eux comme nous le faisons avec un piano, plus nous aurons des difficultés à nous en séparer. Pourtant, la plupart des produits qui nous entourent semblent nous laisser en dehors du coup, semblent faire sans nous, un peu comme la machine se distinguant de l’outil parce qu’elle opère sans nous, voire malgré nous.
Qu’en pensez-vous ?