Éloge (funébre) du produit et du réparateur
J'ai vu naitre un monde où, soudainement, mon père électricien ne peut plus réparer la télévision familiale.
J'ai vu naitre un monde où le garagiste devient radiologue ou cardiologue, où l'observation d'afficheurs numériques et d'écrans informatiques remplace l'oeil enquêteur, la main palpeuse, le nez renifleur et les oreilles chercheuses.
J'ai vu naitre un monde infiniment compacté et plié, indécompactable et indépliable.
Dans ce nouveau monde, la carte électronique est le coeur du produit. Et quand le peu de jambes qui lui reste cède, quand la mécanique (descendue au stade de "technique") faillie, on le remplace (si la garantie, par chance marche encore) ou on le jette. Votre imprimante jet d'encre est blessée, on vous l'échange et on l'achève dans une indifférence à peine atténuée par l'existence de cette incroyablement ridicule eco-taxe.
Les produits meurent en silence et les réparateurs ne sont même plus là tenter une réanimation d'urgence ou pour accompagner le cercueil. Et qui, d'ailleurs, parmi nous, était présent à l'enterrement de ces mêmes réparateurs ?